vendredi 29 février 2008

Vendredi 29 février : actores segundarios

Hier soir, notre coloc' chilien, Alvaro, nous a montré un documentaire intitulé "actores segundarios", sur les manifestations des collèges et lycées contre Pinochet, dans les années 1980. Ces "acteurs secondaires" (jeu de mot sur le fait qu'ils étaient dans le "secondaire" du système d'éducation chilien) de la résistance contre Pinochet avaient entre 10 et 18 ans à l'époque. Ils ont été très actifs, organisant des manifestations et des "prises d'école" pour protester contre la privatisation du système éducatif chilien. Leur slogan était "seguridad para estudiar, libertad para vivir" (sécurité pour étudier, liberté pour vivre). Ils avaient réussi à réunir tous les partis politiques d'opposition dans une seule organisation, qui allait donc des communistes aux démocrates-chrétiens. Beaucoup de ces tous jeunes adolescents furent emprisonnés, torturés et tués à la suite de ces manifestations. Le documentaire était vraiment très bien fait, avec beaucoup de témoignages actuels de ces anciens résistants. Au delà des évènements de l'époque, le documentaire montre aussi le désarroi de ces jeunes lorsque leur lutte s'est brusquement terminée en 1988, quand le peuple a voté "Non" au plébiscite visant à maintenir Pinochet au pouvoir. Ils n'ont pour la plupart pas repris d'études après 1988 et ont vu disparaitre l'incroyable esprit de solidarité qui avait marqué leur adolescence. Ce sont les grands absents du système politique actuel. A la suite du documentaire, nous avons eu une grande discussion avec Alvaro, qui est trop jeune pour se souvenir de ces manifestations mais se souvient en revanche de la victoire du "Non" en 1988. Le thème de Pinochet est encore relativement tabou au Chili car les blessures de la population sont encore vives et Alvaro nous a dit que c'était un thème qu'il abordait très rarement avec ses parents par exemple. Il nous parait incroyable d'imaginer qu'il y a un peu plus de 20 ans, les rues où nous passons tous les jours était le théâtre de manifestations violemment réprimées par la police ! Nous avons vraiment du mal à réaliser qu'il n'y a pas si longtemps que ça le Chili était une dictature qui générait une opposition politique forte dans la population... Curieusement, aujourd'hui, les chiliens semblent se désintéresser totalement de la vie politique de leur pays.

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